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    Cinq ans qu’elle tourne de par le monde : la production de "La Flûte enchantée" de Mozart pensée par Barrie Kosky avec l’hyper imaginatif "Collectif 1927" britannique, arrive en France, à l’Opéra Comique. Oubliez les mises en scène traditionnelles d’opéra et tous vos repères : bienvenue dans un monde où les chanteurs évoluent entre cinéma muet, dessins animés et pop art.

     Après deux œuvres contemporaines – "Miranda", relecture très actuelle de Purcell et de Shakespeare, mise en scène par Katie Mitchell, puis "Kein Licht", création de Philippe Manoury à partir de textes politiques d’Elfriede Jelinek – la Salle Favart revient à un répertoire on ne peut plus classique avec "La flûte enchantée" de Mozart.

    Classique, mais dans la droite ligne de la direction prise par Olivier Mantei, à la tête de l’Opéra comique : d’un côté, on reste dans le stricte répertoire d’opéra comique, qui alterne dialogues parlés et airs chantés, avec ce "singspiel" (équivalent allemand). De l’autre côté, surtout, on est dans une démarche de rencontre des arts où se mêlent, avec un œil extrêmement contemporain, opéra, théâtre, concert, vidéos, arts graphiques et autres animations… 

     

    La Flûte Enchantée (Die Zauberflöte) de Wolfgang Amadeus Mozart

    Testament lyrique de Mozart, la Flute enchantée est sa dernière œuvre. Il meurt quelques semaines après sa création à Vienne dans un théâtre populaire. Considérée comme une féerie, la Flute enchantée est présentée à l’Opéra Comique dans une version mise en scène par Barrie Kosky et le collectif londonien 1927.

    La scénographie intègre les chanteurs dans un dispositif vidéo où lieux, éléments, phénomènes surnaturels mais aussi paroles et sous-entendus se déploient grâce au film d’animation.

    Depuis sa création en 2012 par la Komische Oper de Berlin, le spectacle voyage dans le monde entier et fera sa première en France à l’Opéra Comique le 6 novembre.

    Oubliez vos repères, les trois dimensions habituelles de la scène et pensez vertical : les chanteurs-comédiens et le décor occupent la place d’un écran de cinéma. L’œil du spectateur s’en voit bouleversé, prêt à se laisser séduire par mille astuces visuelles (vidéo et lumières) qui permettent cette magie. Il y a d’abord l’univers du cinéma muet et des Années folles, marque de fabrique du Collectif : un noir et blanc dominant (mais pas exclusif), des acteurs au visage grimé de blanc… et des références précises, comme Louise Brooks (pour Pamina) ou le magnifique Nosferatu (Monostatos, le cruel serviteur de Sarastro, qui tient prisonnière Pamina, la fille de la Reine de la Nuit). Même le son du pianoforte sur les récitatifs avec des extraits de la Fantaisie n°4 en do mineur et de la n°3 en ré mineur de Mozart, cadre avec l’atmosphère. 

    Pamina et Papageno.

    S’ajoutent les (remarquables) dessins animés créés par Paul Barritt – avec lesquels doivent composer les chanteurs-comédiens – évoquant un univers graphique très riche, des comics des années 30-40 à la bande dessinée récente (aux accents de Lorenzo Mattotti notamment) en passant par le pop art de Lichtenstein.

     

    Papageno. 

    C’est globalement fin, drôle (le second degré est permanent), parfois même d’une grande poésie, comme dans l’air très réussi de Pamina, "Ach, ich fühl’s" (Pamina pleure sur son amour déchu) où la soprano Vera-Lotte Böcker chante couverte de flocons (dessinés) blancs puis noirs.

    Le risque, avec ce genre d’expériences artistiques sur scène, est l’exercice de style comme finalité. Mais l’outillage esthétique est ici utilisé à propos. Certes on regrettera un air de la Reine de la Nuit décevant notamment parce que cette dernière (Christina Poulitsi) semble coincée dans son costume et sa position (dans une sorte de balcon émanant de l’écran), et est donc dans l’incapacité d’exprimer l’émotion nécessaire. Mais dans l’ensemble, la richesse graphique de cette "Flûte" sert le propos narratif et philosophique de l’œuvre de Mozart.

    "La flûte enchantée" à l'Opéra Comique à Paris : la Reine de la Nuit demande à sa fille Pamina de tuer Sarastro. 

    On y  évoque avec force imagination le conte, la dimension magique et le voyage onirique (la montgolfière insecte qui transporte les trois garçons, les animaux robots, etc.) : les personnages effrayants comme la Reine de la Nuit, araignée géante autoritaire (et quelque peu kafkaïenne) à la tête d’extraterrestre, ou hilarants d’autodérision comme les Trois Dames, ou poétiquement ridicules comme Papageno participent également de cet esprit.

    Tamino à cheval sur des éléphant(e) roses très sexy. 

     

    On y traite enfin aussi avec humanité les vertus de la sagesse, le cheminement par l’épreuve et la rencontre nécessaire entre âmes seules ou perdues (Papageno, Tamino, Pamina, sa mère, etc.), qui enfin trouvent un sens à leur existence.

    (sources wikipédia et Opéra on-line)

    L'histoire :

    Le prince Tamino est chargé par la Reine de la Nuit d'aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro, présenté comme un tyran. Guidé par les trois Dames de la Reine, Tamino est surtout accompagné de Papageno, un oiseleur truculent, dont la couardise contraste avec la noblesse et le courage de Tamino : à Papageno revient un carillon et à Tamino une flûte magique - deux instruments qui les aideront dans leur périple. Mais Tamino découvre au cours de son voyage que les forces du mal ne sont pas du côté de Sarastro mais de celles de la Reine de la Nuit : cette dernière l'a trompé et elle est prête à tout pour se venger de Sarastro, qu'elle déteste. Truffé de mises à l'épreuve, le parcours de Tamino pour délivrer et conquérir Pamina se charge de symboles, qui de scène en scène, les mènent vers l'amour et la lumière sous la sagesse bienveillante de Sarastro. La Reine de la Nuit et sa suite finissent anéanties.

     

    Flûte enchantée ! Récit ésotérique,

    Empreint de symboles initiatiques ;

    Contée comme une fable allégorique ?

    Mariage, entre idées nobles, péripéties

    Puériles, sous le sceau de la magie....

    Divine, est la main de Mozart, qu'éclaire,

    Ordonne et équilibre, ce populaire,

    Opéra, en son message philosophique !

    Découvrir en sa musique, l'oeuvre lyrique,

    Les chemins qui mènent des ténèbres,

    En sa Reine de la  Nuit, si funèbre,

    Vers la lumière, sagesse et beauté,

    De l'Amour, par une flûte enchantée !

     

    Voir au-delà de sa symbolique maçonnique,

    En ses pages musicales, si symphoniques,

    Aux vocalises si acrobatiques !

    Et, éviter l'écueil du disparate,

    En sa mosaïque de styles, en strates.

    Création d'une unité enchanteresse,

    Qui éloigne par sa féerie, détresse...

    Aux confins des terres dramatiques,

    Vers un ouvrage, d'esthétique, romantique !

     

    Ere nouvelle, de lumière et d'amour,

    Triomphe de la raison en son contre-jour ;

    Message Universel de tolérance,

    Où l'on s'incline en une révérence,

    Devant la divine fraternité ; 

    Dévoile les contradictions partagées,

    Intérieures : tentations d'un monde profane,

    Aspirations à l'amour, en ses épiphanes.

    Exigence du dépassement spirituel,

    Dont la quête sacrée,  est éternelle. 

     

    "Les rayons du soleil repoussent la nuit."

    En son temple du soleil, 

    La lumière a triomphé de l'obscurité,

    En son silence sacré,

    Résonne une flûte enchantée.

     

    CorpsRimes

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