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Madame la Misère !
Jules Desbois – Ami de Rodin
(« La misère »)
Sculpture en bois de chêne
1894-1896
Musée des Beaux Arts de Nancy
A toi, le poète de par ta vision,
Modèle et martèle mon fléau !
Aux cris de toutes mes contemplations,
Peint cette douleur qui gît aux tombeaux !
De ton encre qui ruisselle de pluie,
Trempe ta plume aux bourbiers d’agonies !
Au sein de ma chair et de mes prières,
Les larmes suintent aux fondrières !
Ô poète ! Sous ma laideur, mes haillons,
J’ai contemplé splendeurs des horizons !
Écrasé(e) sous le poids des privations,
Embrassé(e), saisons et lamentations !
Mon âme se mélange à ton âme,
Aux brasiers des silences qui s’enflamment !
Toi qui de par ta voix est le meneur,
D’une horde, celle des poètes maudits
D’antan, dont les mots sont cris de sueurs !
Tes maux sont nos révoltes de folie !
Ne suis-je qu’une gangrène lépreuse,
Où l’homme ne voit que la face hideuse ?
Ne suis-je que squelette ambulant,
Dont tu ignores le regard de mendiant ?
La mort rôde en silence. Écoute-la !
Noircie ta plume de mon chant ici-bas !
Mes lèvres déshydratées se taisent ;
Seul mon corps, exhume ses malaises !
Toi l’homme qui ignore la famine,
Dont la peur de manquer te sous-estime,
Méfie-toi des richesses qui oppriment !
Où la haine grandit à tes racines !
A toi, éternel mendiant, quémandant,
Une partie de ciel et de terre,
Je te confie le vent des libertés,
Apôtre de dieu, des hommes solitaires !
Ô poète ! J’extirpe de mes entrailles,
L’humanité aux proies des funérailles !
Ce cancer qui ronge corps et âme !
Aux regards des hommes, n’en n’est que blâmes !
Misère ! Je crache sur ce monde,
Qui fuit comme la peste immonde,
Les démunis, pétris de chair, de sang !
Qui agonisent aux yeux des tous puissants !
CorpsRimes
JULES DESBOIS (1851 -1935)
LA MISÈRE
Après 1894
Terre cuite
H. 37,5 cm ; L. 17,7 cm ; P. 24,6 cm
S.1150
Don de Mme veuve G. Rudier, 1954
Jules Desbois était élève de Cavelier et un des praticiens de Rodin. Cette terre cuite est ici réalisée par moulage de l’original, présentée dans sa version en plâtre au Salon de 1894 puis retravaillée. Cet exemplaire ne semble pas unique, Jules Desbois a multiplié les versions de travail.
La Misère a été déclinée dans différents matériaux et différentes tailles. Le thème de la vieillesse et du memento mori qu’elle incarne est une longue tradition sculpturale dans laquelle s’inscrit le sculpteur. Rodin avec Celle qui fut la belle Heaulmière et Camille Claudel avec Clotho ont également traité le sujet en utilisant, semble-t-il, le même modèle, une vieille femme italienne Maria Caira. Cette joute entre des artistes fort proches et qui s’estimaient profondément les uns les autres manifestent qu’au-delà du naturalisme apparent de l’œuvre, l’art est ici l’enjeu bien plus que la Nature.
La sculpture d’un tel corps est une étude anatomique en même temps qu’un défi artistique où de la laideur des muscles noueux, des membres décharnés et de la peau ridée doivent naître l’émotion et la beauté.
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Tags : toi, poete, plume, sous, tes, misère, Léo, Ferret, musée, des, beaux, Arts, Nancy, Lorraine
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Commentaires
coucou ma Corinne
une sacrée force dans ton poème... tres beau
la misère a de beaux jours devant elle hélas... j'espère que tu vas bien et que ce WE pascal a permis que tu te reposes
je suis encore entre deux eaux, j'ai surtout sommeil (bcp d'activités) je ne reprends le bureau que le 28, merci de tes passages ma Corinne
je t'embrasse tres fort
joelle une photo souvenir... gros bisou
bonjour Corinne un poètique coucou par ici, bises et A+ du troubadour EmmanuelBonjour ! Une texte qui m'a coupé le souffle ! Je lis souvent à haute voix et j'en mesure sa force ! Ces sculptures sont impressionnantes et parlent d'elle même !!! Bises Chère Corinne
Dans certains endroits dans ce monde il y a une grande misére et quant je vois ces images je suie bien triste. Je te souhaite un doux Lundi Pascales. Mes Roses commence a s'ouvrire dans mon Jardin , je suie heureuse . Par la pensée une et pour toi , la plus belle .
Doux bisous
10timil0Lundi 21 Avril 2014 à 07:22Joliment écrit ton poème sur cette misère...
Dans ma région je la vois autour de moi , même si elle semble moins lourde au soleil elle est aussi destructrice...
Je ne repasserai te lire
Je reviens tout doucement sur les blogs
Bon et doux Lundi de Pâques CORINNE
Bisous
timilo
Un poème touchant, poignant qui révèle la tristesse de ce fléau, la misère qui grandit de jour en jour et qui touche non seulement des jeunes, des moins jeunes, j'ai vu des personnes âgées seules dans la rue, c'est horrible ce qui se passe, des enfants qui sont dans les gares avec leurs parents et les gens qui passent à côté sans même un regard pour eux, c'est affligeant et terriblement douloureux, ce qui me dérange c'est de voir que l'on accueille des populations sur notre territoire avant même de se soucier de notre peuple qui souffre cela je ne le comprends pas, notre Pays ne peut accueillir toute la misère du monde et ces populations qui viennent chez nous ne font qu'empirer la situation. Mais c'est un problème qui doit être réglé par les gouvernements des pays concernés, mais c'est bien triste de voir cela.
Je te remercie de ta fidèle présence sur mon site, oui tu as raison, j'ai toujours en ligne ma vidéo sur Montmartre, je n'ai pas inséré d'autre articles car je suis souvent en extérieur pour mes photos et en ce moment je délaisse l'écriture pour la photographie.
Je te fais de gros bisous ma chère Corinne et te félicite pour la qualité de tes écrits, même si celui-ci est douloureux, il est juste de ne pas oublier les malheureuses (eux) qui sont dans la rue, merci pour cette belle pensée.
Je te souhaite une douce journée et de joyeuses fêtes Pascales. Bien amicalement.MoniqueMa douce amie,
Comment te dire combien tes mots me bouleversent tant ils sont feu pur et cri de vie, élan sonore et pulsations entrelacées contre le mal rampant, immonde qui sclérose nos sociétés où certains sont des ogres, dévorant les forces vives de ceux qui ne peuvent plus, qui n'ont plus et qui n'espèrent même plus tant ils ont été vampirisés...
Terrible misère des souffrants, des mendiants, des précaires, des travailleurs esclaves d'un monde ultra libéral qui engraisse ses parangons sans rien donner en retour...
Il y a aussi la misère obscure, intellectuelle des ultra matérialistes, misère du coeur et de l'esprit de ceux qui se croient supérieurs et "arrivés" et qui déshonorent le mot même d'humain.
Un magnifique poème, ton écriture est si fine et belle qu'elle happe la quintessence du sujet.
Un grand merci également, mon amie à cornes d'hiver...rires! pour tes voeux d'anniversaire qui m'ont fait très plaisir. Dans la journée du 15 nous avons été privés de réseau jusqu'à tout à l'heure, du coup pendant trois jours je n'ai pas pu lire cartes et petits mots, je suis en train de me rattraper.
Voici Pâques et son cortège de gourmandises aux couleurs douces du Printemps... Gare aux cocottes, lapinous et petits poissons en robe de cacao!!! Même si j'écris ces mots gourmands et facétieux je pense à tous ceux qui ne peuvent pas et j'en suis bien triste, tu le sais...
Je te souhaite un très agréable dimanche et un lundi tout aussi délicieux. Amicales pensées et gros bisous. Joyeuses Pâques!
Cendrine
Bonsoir,Corinne, Avant tout,je vous dis désolé pour ce retard à vous répondre sur mon blog et à visiter le vôtre.Je ne vous oublie pas,croyez-moi.Des problèmes de réseau sévissent dans ce désert depuis une quinzaine de jours. Notre amitié demeure et elle le restera pour toujours. En tant que poète,je vous envoie mes meilleurs écrits d'espérance et de bonheur.J'espère que vous avez passé de bonne fêtes de pâques.Un grand merci de votre fidélité sur mon blog,ma chère amie. Je vous souhaite un agréable week-end. A bientôt. Tahar Salam !Merci Corinne
c'est beau !
la misère est peu être présente
pour nous " grandir "
en tous cas
à chaque fois qu'il y a évocation
de celle-ci
cela nous met en face de notre impuissance .
bonne continuation .
bonnes fêtes
bonjour Corinne un grand artiste Monsieur Léo Ferré . un musical coucou te proposant sur jazz de découvrir 'Tord Gustaven" te souhaitant un bon w end, bises et A+ du troubadour EmmanuelBonjour Corinne,
Quelle écriture, la lecture de ton magnifique poème m'a vraiment remué. Un véritable régal de lecture. Avre en complément des explications claires sur ces artistes ayant sculpté la misère.
Un grand merci pour ta visite et ton gentil commentaire qui m'a rempli de joie et de bonheur. Je te souhaite de très agréables et joyeuses fêtes de Pâques. Je t'embrasse très amicalement.
Henri.
Des vers qui prennent aux « tripes » ! Très différent de tes écrits habituels. J’aime bien, c’est fort et les mots font mouche.
C’est aussi le cas de la sculpture de Desbois, qui marque également une rupture avec la sculpture conventionnelle des siècles précédent. Après eux (Rodin, Desbois, etc…) plus rien ne sera comme avant.
Joyeuses Pâques, amitiés,
Carlos.
Il m'a remué ton poème, une description éblouissante !
Nombre de grands Poètes, Peintres, Sculpteurs, etc ... ont vécu et sont morts dans la misère.
Les sculptures sont elles aussi "prenantes" , une citation de E et J de Goncourt qui les exprime bien : "La misère a ses gestes. Le corps même à la longue prend des habitudes de pauvre".
Bon week-end de Pâques chère Corinne et plein de gros bisous doux comme des pétales de roses
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Je ne comprends pas la ou les personnes malveillantes qui ont piraté mon blog et la messagerie de mon blog de blog50
Même si mon poème du jour que j'avais programmé hier soir est paru, je ne peux plus accéder pour l'instant à ce dernier et à sa messagerie.
Je vous fais parvenir ce message pour vous que même si je suis en colère , je continue de publier sur mon blog de blogspot qui est plus sécurisé dont le lien est http://zitop.blogspot.fr/
En espérant que tout ces désagréments trouveront vite une solution ,je vous souhaite mes ami(e)s une bonne et douce journée
timilo